Aujourd'hui, pour faire mentir certains de mes détracteurs, j'ai élaboré un programme tranquille mais pas forcément léger. En effet, nous allons passer la matinée sur les traces de Nelson Mandela à visiter Robben Island. L'île, située à 7 km au large du Cap, est célèbre pour avoir été le lieu où fut emprisonné le leader de l'ANC (African National Congress - mouvement contre l'apartheid) de 1964 à 1982 (soit 18 ans sur ses 27 années de détention). Nous avons choisi la première navette qui part de Victoria & Alfred Waterfront à 9 heures, que nous avons attrapée juste à temps (la faute au GPS qui ne nous a pas conduit au bon parking...)
Super météo ce matin en partant...dommage qu'on soit si pressé pour prendre le temps de faire quelques photos
Robben signifie phoques en Afrikaans. L'île a été utilisée comme prison dès le 15ièm siècle par les colons hollandais. Puis, elle fut transformée en léproserie (lieu d'isolement et de prise en charge des malades), en base militaire, en prison politique puis en musée. Elle est maintenant classée au patrimoine mondial de l'Unesco. L'arrivée n'a pas beaucoup changé. C'est encore par bateau, et de manière très encadrée, que vous accédez à cette célèbre et triste île-prison. Lorsqu'on débarque sur l'île, on embarque dans un bus où un guide nous commente les différents sites que l'on croise. La petite ville où vivaient les gardiens (église, école, maison), le chenil, le quartier d'isolement où était retenu Robert Sobukwe, le chef du Congrès panafricain, qui n'était pas autorisé à communiquer avec quiconque, y compris les gardiens mais aussi la carrière où les prisonniers cassaient des cailloux 8h par jour sous un soleil de plomb. D'après ce premier guide, l'erreur du gouvernement de l'époque fut de rassembler à Robben Island le noyau dur des prisonniers politiques. La prison fut, en ce sens, un véritable laboratoire politique. J'ai préféré le petit stop au bord de la mer qui nous a permis de profiter de la vue sur Cape Town et sur la chaine de montagnes qu'on ne se lasse pas de regarder.
Sur la dernière photo, on retrouve de gauche à droite Devil's Peak, Table Mountain et en premier plan, Signal Hill et Lion's Head
Il y aurait une colonie de manchots mais nous avons juste aperçu la pancarte qui nous interdisait d'en approcher....
Puis nous sommes conduits à l'intérieur de la prison et pris en charge par un ancien détenu qui va en animer la visite (en anglais off course). Certes, les touristes ont remplacé les gardes, mais les barreaux aux fenêtres sont encore là, témoins du passé des lieux.
Notre guide a été incarcéré à l'âge de 19 ans et a purgé cinq ans de prison. Personne n'a osé lui demandé le motif de sa peine. Quand les détenus débarquaient à Robben Island, on leur délivrait une nouvelle carte d'identité qu'ils devaient toujours avoir sur eux et qui indiquait leur race/religion, leur numéro, leur nom, la durée d'emprisonnement, le motif de la peine et leur section. Les sections générales ont été classées A, B, C, D, E, F et G. Le bloc d'isolement a été divisé en sections A, B et C au milieu des années 1970, et un haut mur a été construit pour séparer et empêcher la communication entre prisonniers politiques dans les différentes sections. La section A abritait de jeunes cadres du Black Consciousness Movement . La section B est connue sous le nom de Section du leadership. Les sections A et B avaient des salles communes pour manger et des activités récréatives ainsi que des cours utilisées pour le tennis et de petits jardins. La section C était utilisée comme section de punition pour les prisonniers en isolement cellulaire. La section D était utilisée pour les prisonniers politiques namibiens et quelques prisonniers sud-africains. Les détenus des sections G et F ont été autorisés à apprendre des métiers tandis que d’autres détenus étaient confinés dans leurs cellules. A chaque groupe, des droits de plus en plus réduits. Mandela était dans le groupe B. Vous pouviez changer de groupe (gravir des échelons ou en perdre). Tous les détenus étaient noirs.
Chaque section générale comprend quatre cellules collectives conçues pour contenir 52 détenus et le bloc d'isolement compte environ 90 cellules individuelles. Le guide va nous conduire dans le quartier de haute sécurité et nous raconte le quotidien des détenus, le travail forcé, le manque de nourriture, les brimades… C'est finalement beaucoup plus émouvant que d'écouter un audio guide....Les courriers étaient bien évidemment censurés et les prisonniers n'avaient le droit de recevoir qu'une à deux lettres par an. La quantité de nourriture dépendait du groupe de prisonniers dans lequel on était recensé (on mangeait moins dans le groupe B que dans le C). En guise de lit, les détenus n'avaient qu'une fine paillasse et une couverture largement insuffisante les mois d'hiver. Ce n'est que dans les années 70 que les lits firent leur apparition dans les cellules.
La visite se clôture par le passage devant plusieurs cellules de la section B dont celle où était enfermé Nelson Mandela. Sa surface de 2,1 x 2,4 mètres lui permettait à peine de bouger.
Le pot rouge en serait le signe distinctif (info ou intox ???)
Mon article fait particulièrement écho à l'actualité puisqu'il y a moins d'une semaine, on célébrait les 30 ans de la libération de Nelson Mandela (11/02/1990).....Je vous invite à ré écouter les quatre reportages diffusés dans France Inter +, l'émission de Laurent Goumarre de 23h à minuit.
De retour dans le quartier de Waterfront où nous allons flâner le reste de la journée, je prends le temps de photographier la tour de l'horloge. Elle présente un style victorien et est un peu l'emblème de la ville du Cap. La tour fut inaugurée en 1882 et la reconstruction complète de l'édifice a été achevée en 1997.
Le ciel s'est voilé depuis notre escapade à Robben Island et la photo de l'horloge était plus lumineuse ce matin.
Le coin est très sympa et plutôt animé car il regroupe de nombreux restos, la grande roue, des magasins et le port de pêche. De nombreuses sculptures trônent en front de mer. J'ai particulièrement apprécié les rhinocéros et notamment le plus turquoise de la bande !!!
C'est au V&A Foodmarket que nous avons décidé de déjeuner. Une véritable cantine du monde où l'on peut manger pour tous les goûts: fruits de mer, pizzas, tacos, lamb sandwich, stand de samossas aux mille saveurs, yaourt aux fruits, brownies and muffins, viandes séchées, sushi bar....
L'après midi sera bien plus légère entre vagabondage sur le front de mer et shopping pour les filles. Laurent a eu quartier libre !!!
