Pour ceux qui ne maîtrisent pas bien la géographie de l'Afrique du sud, il y a deux pays enclavés en son sein : le Lesotho à l'ouest de Durban et Eswatini (plus connu sous le nom de Swaziland) au nord de Santa Lucia. Ce n'était donc pas pour avoir un tampon de plus sur notre passeport que nous sommes allés à Eswatini mais bien parce que c'est le chemin le plus court pour relier la région de Blyde River et du Parc Kruger en venant du sud.
Pour votre information, depuis 2018, le roi du pays a décidé de nommer son territoire en langue locale
Avant de traverser l'Eswatini du Sud au Nord, faut-il encore y pénétrer. Place à la séquence formalités au poste frontière de Lavumisa. Même si le pays est petit par son étendue, environ 200 kilomètres sur 130 de large et sa population modeste avec seulement 1,5 millions d'habitants, ce poste douanier a tout d'une grande nation avec des bâtiments aux imposantes dimensions. Une succession de hangars, de halls et de bureaux qui paraissent quelque peu démesurés en rapport au nombre de personnes qui passent ce matin cette frontière. Dans un grand hall climatisé, les employés attendent les passants. Présentation des passeports puis traditionnels coups de tampon, à la va vite ! Et paiement du droit d'entrée et nous voilà en règle.
Un drôle de pays qui serait la dernière monarchie absolue d'Afrique, dirigée par un roi sans peur et avec reproche ! Et comme on l'imagine, le train de vie du monarque est à l'opposé de celui de son « bon peuple » dont il faut préciser que les deux tiers des swatiniens vivent sous le seuil de pauvreté. L'Eswatini est l'un des pays du monde où l'espérance de vie est la plus faible (moins de 52 ans estimée en 2016) principalement parce que c'est le pays du monde où le taux de prévalence chez les adultes du Sida est le plus élevé (près de 26%). C'est aussi le 31ièm plus fort taux de mortalité infantile du monde (près de 60 %). Cela plombe un peu l'ambiance mais cela ne nous aura pas empêché d'y faire de belles découvertes.
Nous avons été surpris par la variété des paysages. Nous longeons d'abord une savane desséchée parsemée d'arbustes et d’acacias. Ça et là, il y a bien quelques habitations. De simples cases, quelques lopins de terre arides et quelques animaux, chèvres et vaches, toutes aussi maigres les unes que les autres. Puis on découvre de luxuriants champs de canne à sucre avant d'atteindre la région la plus montagneuse (et la plus jolie). Ce n'est pas pour rien qu'on surnomme le royaume la Suisse de l'Afrique. Nous ne nous sommes pas trop attardés en route pressés d'arriver à notre "Mogi Boutique Hotel" entre Manzini et Mbabane (la capitale administrative du pays).
Havre de paix au pied des montagnes. Une belle rando part au pied de notre hôtel mais d'autres aventures culturelles nous attendent !
Beaucoup de touristes font halte au Mlilwane Wildlife Sanctuary qui est une belle réserve animalière au pied des montagnes. Le Swaziland est aussi réputé pour ses safaris mais nous avons préféré nous réserver pour ceux du Parc Kruger. Nous avons plutôt fait le choix de visiter la Mantenga Nature reserve tout proche de notre logement. Un petit peu de folklore pour découvrir un village traditionnel swazi. Les habitants préservent et partagent leur culture à travers la visite du village. Les danses et les chants sous le grand faré sont impressionnants.
Rythme répétitif des tambours, puis le timbre des voix, solos et chants chorals s'enchaînent.
Danses cadencées et jeu de « jambes en l'air » particulièrement exécuté. Une sorte de French Cancan … à la mode africaine !
Il y a aussi une jolie cascade
Sur le retour, nous avons été intrigué par une imposante bâtisse qui se voudrait pourtant discrète. Un panneau indique l'interdiction de photographier cette façade ! La célèbre bannière étoilée des USA flotte au vent, il s'agit donc de l'ambassade américaine au Swaziland. Ses dimensions semblent démesurées pour un tel petit pays. Imaginez, les bâtiments et le terrain de cette représentation diplomatique s'étendraient sur une surface avoisinant la taille de cinq stades; ce qui n'a pas manqué de surprendre la presse sud africaine. Et les hypothèses et les rumeurs circulent: ces immenses bureaux abriteraient-ils des services secrets à l'écoute de toute l'Afrique Australe ? Ou encore, y aurait-il quelques intérêts économiques à exploiter un sous-sol riche de … ? De toute façon, on se doute qu'un tel investissement de l'administration américaine dans un si petit Eswatini est synonyme d'espoir de retours sur investissements.
Swaziland : le mystère de la très, très grande ambassade américaine...
En 2016, les USA ont inauguré une importante ambassade à Ezulwini, à 10 km de Mbabane, capitale du Swaziland, petit Etat de 1,2 millions d'habitants sans débouché sur la mer, enclavé entre l'...
Pour ceux que cette histoire d'ambassade intrigue...
Nous sommes rentrés just in time pour voir le match de rugby France Angleterre (retransmission au Swaziland...inéspérée). Petit apéro sur notre terrasse pour fêter la victoire des Bleus !!!
Avant d'aller nous restaurer sur la très belle terrasse du Mantenga Lodge qui surplombe la rivière (de nuit c'est un peu râpé pour la vue). Très bonne adresse !
Avant de quitter l'Eswatini, je tenais absolument à visiter l'atelier de fabrication des bougies swazi à Malkerns. L'originalité et la qualité de ces réalisations ont fait le succès de l'entreprise, crée en 1982 qui emploie actuellement quarante cinq swatiniens et exporte ses bougies dans une vingtaine de pays. Les artisans qui œuvrent dans ses ateliers sont en fait de de vrais artistes. On ne peut qu'être admiratif en observant la dextérité et le talent de ces hommes qui façonnent et sculptent, en quelques tours de mains aussi précis et que rapides, des bougies aux silhouettes animales. Les bougies aux teintes vives en forme d'éléphants sont particulièrement en vedette sur les étalages mais bien d'autres animaux de la faune sauvage africaine sont également proposés aux visiteurs. Avec une telle appréciation, vous l'avez sans doute compris, j'ai ramené quelques bougies décoratives en souvenir de ce petit pays.
On peut poursuivre ses emplettes d'objets souvenirs à l'extérieur de l'atelier, surplace il y a un marché artisanal très couleur locale....mais on a de la route à faire et dèjà que nous avions fait un détour pour cette visite, il ne fallait pas perdre trop de temps à marchander !!!
La route est belle pour rejoindre la frontière de Ngwenya d'où nous quitterons Eswatini. Cette fois ci il y a plus de monde et on se demande comment font les commerçants/routiers/habitants qui passent d'un pays à l'autre pour avoir assez de place dans leur passeport....